1er décembre, arrivé à Chengdu. J'ai enfin terminé mon long backtracking, commencé depuis Azumino au Japon jusqu'à Luoyang en Chine. Le sud s'ouvre enfin à moi.
6 mois et demi... Je devais à la base rentrer en Chine avant fin juin, pour utiliser mon visa double entrée dans ce pays. Je me souviens encore, quelques jours après être arrivé à Gucheungam pour WWOOFer, peut-être à peine 5 ou 6 jours après mon arrivé en Corée du Sud, de m'être dis "oh, ben je pourrais bien rester 3 mois ici à WWOOFer et repartir en Chine après, après tout." Puis, fin juillet arrive, il faut se décider, il faut que je demande un nouveau visa pour rentrer là bas, j'ai plus beaucoup de temps, les précieuses indications qu'on m'avait donné ne marchent plus, et le consulat me demande des tas de papiers que j'ai pas. Sentant que je commençais à avoir chaud aux fesses, je me redirige vers la direction la plus simple, celle qui m'attirait tout en me faisant peur, là où j'aurais dû tout commencer, et je prends un bateau pour le Japon. Je pensais y rester juste quelques semaines, histoire de manger quelques sushis, de goûter à ce charme japonais dont j'avais si souvent entendu parler, de monter jusqu'à Kyoto histoire de voir à quoi ça ressemblait avec tout ce dont j'en avais entendu parler. Et surtout d'éviter le terrible été Japonais, et d'éviter de dépenser tout là bas. La campagne Japonaise m'attirait bien aussi, après tout ce dont on m'en avait dit, et WWOOFer me paraissait un bon plan pour pleins de raisons. Finalement, deux mois plus tard, malgré de nombreuses rencontres, un charme fou, et l'envie d'y rester malgré ce prix qui déchire mon portefeuille à chaque fois que je sors une pièce, le froid arrive. Dans mon sac, un pantalon, un pull; le "reste" est à Seoul : "j'en aurais pas besoin au Japon, ahah". Le reste, c'est un autre pantalon, et un autre pull : le Pérou.
Seoul
Après ma deuxième séance de WWOOFing, sensiblement différente de la première à Gucheungam, je dois repasser par Seoul pour faire la demande de ce fameux visa chinois. Dans ma poche : vrai-faux billets d'avion aller-retour, vrai réservation de 3 jours dans une auberge la moins chère de Beijing, vrai-faux itinéraire, et c'est gagné. 4 jours plus tard, j'ai mon visa, il me reste plus qu'à prendre mon billet de bateau. Et j'aurais dû réservé, ou alors arriver un peu plus tôt que 45 minutes avant l'embarquement, je dois rester quelques jours de plus sur Seoul. Pendant ces 10 jours, j'aurais pas fais grand chose par là bas, si ce n'est plusieurs rencontres : passé plusieurs jours dans une famille Coréenne, fais une nouvelle amie par hasard dans un café, rencontré avec plus ou moins de succès des couchsurfers, revus des amis Coréens avant mon départ... Mon départ retardé de Corée m'a permis de prendre le temps de faire une grosse balade en vélo le long de la rivière Han, particulièrement bien aménagée pour en profiter par beau temps. Elle a facilement tendance à déborder quand il pleut trop, les supérettes le long des berges sont donc montées comme des pontons de port et se mettent à flotter si il y a trop d'eau. J'ai pas compris comment les clients pouvaient y accéder par contre... Je me suis finalement décidé à aller voir Cookin' Nanta, un spectacle dont j'avais une promo grâce à WWOOF Korea, à propos de danse, percussions et cuisine. Ça s'invente pas et ça valait la peine. De passage à Seoul, je suis passé voir l'exposition Body's World, corps plastifiés et tranched'humain.
Qingdao
Finalement, le 16 novembre, me voilà enfin en Chine, après une petite nuit en bateau. Arrivé à Qingdao, où je dois couchsurfer pendant 2 nuits. Je retrouve ce pays moderne mais un peu (beaucoup ?) rouillé derrière la couche de peinture, ces rues poussiéreuses, ces odeurs et les regards que chaque personne que je croise me jette. Sans plan sans direction, je suis les rails pour arriver à la gare pour prendre mon prochain billet de train. Je dois aussi retrouver Lei, chez qui je dois couchsurfer. Il m'invitera chez lui comme si je faisais parti de sa famille. Fatigué par son travail, inintéressant, on n'aura pas trop le temps de discuter, mais il espère pouvoir partir en Angleterre l'année prochaine pour étudier mieux l'anglais et sortir un peu de son pays... À Qingdao, avec un temps bien pourri digne d'un début d'hiver pluvieux, il me reste qu'une seule chose à faire : aller (pas à contre-coeur j'avoue) visiter la brasserie Tsingtao. Ce n'est pas une mince affaire pour prendre le bus, surtout si on ne s'y prépare pas avant. Qingdao, petite ville de 50 kilomètres de long, ne se traverse pas facilement à pied... Finalement arrivé au musée, je déguste mes verres de bières après avoir fait le tour (on est là pour ça hein). Dans le bar à la sortie, en dégustant mon dernier verre, une horde de chinois, pichet de bière à la main, viendront se faire prendre en photo en train de trinquer avec moi, ce qui ajoutera quelques verres en plus dans l'estomac... Qingdao, derrière les énormes gratte-ciels tout neuf près de la côte, a aussi une partie plus ancienne. Outre les bâtiments style européen datant de la colonisation allemande du début 20ème siècle, il y a tout un ensemble de quartier des années 50/60, rouillé, poussiéreux, craquant et craqué, rafistolé avec ce qui passe sous la main. C'est pas encore le bidonville, mais le fossé est énorme entre ces deux aspects de la ville.
Zhengzhou
Le lendemain, après 15h passé assis dans un train en confort 4ème classe, me voilà enfin arrivé à Zhengzhou, attendu de pieds ferme par Liu Peng et Lulu que j'avais rencontré fin avril. Dès le lendemain, on part pour Zhoumadian, la ville natale de Lulu, 4 personnes plus un bébé et deux chiens dans la voiture ; heureusement, ce ne sont que 3 petites heures de voyage. En fin d'après-midi, on part faire un tour dans le quartier autour de l'appartement des parents de Lulu : le samedi après-midi, beaucoup de gens sont de sorti, les rues sont remplies de marchand de snacks de tout genre, brochettes de moutons, brochettes de riz, morceaux de canne à sucre fraîche, brochettes de fruits confits, et bien sûr, foetus de poulet grillés (fameux !). Le soir, c'est repas de famille au restaurant, un peu élargi par les amis de Lulu venus en masse. L'estomac plus que rempli, vers minuit on passe voir la femme d'un de ses amis, qui travaille à l'hôpital du coin à faire des échographies. Apparemment, je suis pas encore enceint(e). À part, j'aurais pas frais grand chose dans le coin. On a beaucoup mangé et bu, rencontré plusieurs amis de Liu Peng et Lulu, j'ai essayé de me reposer, difficilement. En se promenant un peu dans la ville, pas forcément super intéressantes en soi, on découvre au pied de chacun des immeubles en construction (50, 100, 150 ? Difficile à dire) les quartiers temporaires où vivent les travailleurs, préfabriqués de dortoir pour 150 ou 200 personnes. L'unique canard se promenant dans le caniveau entre les bâtiments ne donne pas trop envie d'être mangé. À coté, se dresse le nouvel immeuble de 40 étages, tout neuf, tout vide, trop cher sans doutes. Dans une autre rue, déserte, on croise soudain un marchand de casques de moto, aligné sur un drap sur le trottoir le long de la route. Je demande, doublement surpris à Liu Peng pourquoi il vend des casques ici : "c'est l'hiver, il fait froid, c'est plus confortable avec un casque". Tout est dit.
Luoyang
Finalement, hier, j'ai pris le train pour Luoyang. Il commençait à neiger sur Zhengzhou quand je suis parti, en dehors de la ville, le sol était complètement blanc. Le trajet aura mis trois heures au lieu d'une heure et demi, pour une raison inconnue. Mais bon, Hatti, que j'avais rencontré au mois d'avril, à peine deux semaines après le début de mon voyage, m'attend à la gare pour m'emmener à mon auberge. Malgré tout, je suis revenu dans le coin, finalement.
Fin
Je suis dans le train depuis 14 heures, j'ai pas la moindre idée d'où je suis en ce moment. Le paysage dehors commence à bien changer : montagnes, arbres encore feuillus, un brin de ciel bleu. Si je n'y suis pas encore, je dois être pas très loin du Sichuan.