Dans la nuit du 17 au 18 avril, j'ai pris le train pour aller de Beijing à Xi'an, classe grand confort ("soft sleepers") dans laquelle j'aurais dû super bien dormir. Mais le train avait quelques tendances à vibrer plutôt fort (limite pas très rassurant), du coup le voyage n'a pas été de tout repos... Mais bon, j'imagine que les conditions de trajet auraient pû être bien pire...
Lundi matin, me voilà débarquer dans la foule de la gare de Xi'an pour rejoindre l'appartement de Yin, situé de l'autre coté de la ville. J'ai deux numéros de bus, un plan de l'arrivé fait à la main une heure avant de partir, et un numéro de téléphone : c'est pas gagné. La foule est un peu aggressive ici, les gens sortent dans tout les coins, on essaie de me vendre hotel, auberge, taxi, bus pour Terracotta's Warriors, etc. Finalement, je trouve le bon bus mais tout les noms d'arrêts sont en Chinois (de toutes façons, j'ai pas le nom de l'arrêt où je dois sortir, j'ai juste des noms de rues...) et au bout de 40 minutes, je sors à un endroit qui à l'air d'être le bon. Finalement, je me rends compte que j'y suis pas encore, et qu'il faudrait que j'achète une carte téléphonique pour utiliser le téléphone publique mais visiblement, personne pour savoir où en acheter (heureusement qu'il y la question dans mon bouquin de phrase français/chinois). Je tombe finalement sur un gars qui cherche pendant quelques minutes, fini par appeler une amie (?) qui parle anglais, je lui explique que je veux juste appeler Yin pour qu'il vienne me chercher et elle transmet le message au gars, et cinq minutes plus tard, Yin débarque pour me récupérer, ouf !
J'arrive chez Yin, qui habite dans un appartement assez spartiate, pas trop de décoration sur les murs, encore des cartons de déménagement, cuisine réduite au minimum, mais j'ai une chambre avec un lit pour moi tout seul. Yin était un journaliste pour un journal local, il nous raconte qu'il devait proposer un article par jour en espérant qu'il soit publier (sinon, pas de paie) et qu'il devait entretenir un bon réseau de relation pour avoir des nouvelles fraîches. Bien entendu, la direction avait un contrôle assez sévère sur ce qui pouvait être publier ou pas... Un système de points, gagnés à chaque fois qu'ils publiaient un article, classait les journalistes à la fin de chaque mois, et il valait mieux éviter de se retrouver dans les deux derniers de la liste deux mois de suite... Depuis, il a arrêté de faire ça, et à commencer à écrire une nouvelle il y a six ans, dans laquelle il essaie de raconter le monde sous un autre jour, comme l'a fait "Matrix" ou "The Truman Show" en son temps, mais d'une manière qu'il espère n'a encore jamais été faite En attendant, il vivote en revendant en Chine des chaussures de marques Américaines (produites en Chine évidemment), achetées sur des sites américains, ce qui lui suffit pour vivre, même si ça commence à le soûler un peu.
C'est aussi un passionné de culture occidentale, Européenne et Américaine, et un vif critique de la société et du gouvernement Chinois. Il a posé pas mal de questions sur comment on vivait, comment on se comportait, qu'est-ce qu'on mangeait, comment était la France, comment on percevait la Chine, etc., chaque fois en mettant en perspective l'équivalent chinois. Même si je pense qu'il a malgré tout une vision encore assez idéaliste de notre société (ce qui me laisse assez interrogatif sur ce que les gens "normaux" peuvent penser de nous), il est très conscient des problèmes de son pays. Il rêve de pouvoir aller en Europe ou aux États-Unis, mais les coûts sont très prohibitifs pour les gens "normaux" d'ici...
Je dis "nous", car en arrivant, il y a encore Louis chez Yin, surfeur Québécois que je succède. Après avoir pris un bon bol de nouilles en bas de chez Yin, j'ai passé une bonne partie de l'après-midi de mon lundi avec Louis à marcher dans les rues du quartier musulman de Xi'an, assez calme, d'une certaine manière bien plus clean que les Hutongs que j'ai pu voir à Beijing. Ça fait deux mois et demi qu'il est en Chine, logeant principalement via couchsurfing, et commençait un peu en avoir assez du pays et des chinois (c'est vrai que c'est pas forcément facile tout les jours, mais je pense que je ferais un article là dessus...) Il est prof de philosophie dans un lycée entre Montréal et Québec, passionné de généalogie (comme toute sa famille, ils sont remontés jusqu'en 1600 et des brouettes sur les côtes bretonnes) et c'était bien cool de passer l'après-midi à discuter dans les rues.