De Mangshi à Hanoi

Pagode de Dajinta

Un malheur n'arrivant jamais seul, le 24 janvier je dois partir de Yingjiang pour me diriger tranquillement vers le Vietnam. J'ai encore une quinzaine de jours sur mon visa, et du boulot pour plusieurs semaines encore. Au petit matin, dans les restes encore fumants de pétards du nouvel an Chinois, je fais mes adieux à Yang et sa famille et monte dans le taxi avec Nancy pour partir à Mangshi.

Pagode de Dajinta

Pas spécialement pressé de rester deux semaines à Kunming avant de passer la frontière pour le Vietnam, pas presser non plus d'aller au Vietnam en fait, Nancy m'a proposé de l'accompagner dans la grosse ville d'à coté, Mangshi, qu'elle connait bien pour y avoir passé plusieurs années pendant ces études. Le coeur un peu serré malgré tout, on a repris le bus que j'avais pris quelques semaines plus tôt avec Yang pour refaire mon visa, dans la même route tortueuse aux milles dangers. Au bout de quelques heures de trajet, on arrive à la gare de bus et on part retrouver une amie d'enfance de Nancy pour faire le tour de la ville ... après s'être fait péter le bide dans un restaurant Dai à manger des feuilles de menthes frites (entre autre). Quand on arrive dans cette ville, on ne peut pas rater l'énorme pagode au toit dorée qui surpomble, sur la colline juste au bord : c'est plutôt gros et ça brille bien avec le soleil qui commence à descendre mollement sur l'horizon. Sur la route en redescendant, on se fait "prendre en stop" par de la famille qui nous ramène vers le centre de Mangshi, près d'un gigantesque esplanade avec pleins de bâtiments et de terrains pour faire du sport (et bien sûr, des bâtiments du gouvernement pas très loin). La nuit tombée, les feux d'artifices sont encore un peu de sortis, même si ça devait être encore autre chose quelques jours plus tôt.

Grotte près de Mangshi

Le lendemain, on se lève assez tôt pour retrouver d'autres amis de Nancy. Après le petit-déjeuner nouilles + soupe, on part en voiture pour sortir de Mangshi et aller faire un tour un peu dans la campagne et visiter des grottes. À l'entrée, c'est un peu le bazar, avec des stands restaurants/snacks, de la musique, c'est un peu folklorique. Les grottes sont elles éclairées de toutes les couleurs et certains "salles" sont assez magnifiques sous ces conditions. Quelques passages sont un peu tordus, à marcher sur des petites dalles en pierre avec un bon mètre d'eau juste en dessous... Au retour, après un repas encore gargantuesque, l'après-midi s'écoule doucement au rythme des voitures tamponeuses du parc dans le centre. Le soir, je craque (encore) sur des feux d'artifices, plus simples cette fois, mais tout aussi rigolo.

Palais du centre des minorités de Mangshi

Mangshi étant la capitale du comté de Dehong, avec toutes ces minorités éthniques, elle a bien évidemment son musée/palais dédié. C'est un mini fourre-tout, avec ses arbres et fleurs, ses villages Dai, les instruments de cultes pour les cérémonies religieuses, son musée/magasin de pierres et bois précieux, les singes (?!) et bien sûr les paons, emblèmes des Dai. Mais après trois jours de visite intensif, il est temps que je partes de Mangshi et me diriger vers Kunming. Un peu plus habitué au bus de nuit, je m'écroule en dormant dedans, pour me réveiller au petit matin dans la plus grosse ville du Yunnan, petite capitale de seulement 6 millions d'habitants, avec un magnifique lever de soleil. Un peu fatigué, j'irais me promener au bord de la rivière, voir les rassemblement de chinois dans les parcs, chantants et dansants.

En début de semaine, levé super tôt pour me rendre au consulat vietnamien pour faire ma demande de visa, et en quelques minutes, c'est réglé. Sur le chemin du retour, je m'arrête dans un restaurant où j'avais mangé la veille un grand bol de soupe avec des dumplings, tout à faire innocent ... ou presque. Alors que je rattaque le boulot dans l'après-midi, je sens mon estomac qui commence à faire des trucs bizarres. Le soir, résultat garanti, et diaré de folie. Je prends quelques médicaments pour arrêter tout ça ... sans trop d'effet. Et puis, le lendemain après-midi, mon état empire. Quand je prends finalement ma température pour voir que j'ai 40°C, je me dis qu'il va falloir que je fasse quelque chose. Pas vraiment aidé par l'auberge où j'étais, je fais mon sac, saute dans un taxi pour aller à l'hopital international de Kunming, dont je me suis souvenu d'une nana que j'avais rencontré dans la Gorge du Saut du Tigre quelques mois pus tôt. Pas grand monde parle vraiment anglais là, mais on me passe une infirmière à qui j'explique mes symptômes, qui me demande de payer tout de suite 1000 Yuan la nuit, et me fait une ristourne de 200 Yuan parce que j'avais pas assez de liquide sur moi, à conition que je déguerpisse le lendemain matin. Au programme de la soirée, sérum physiologique à volonté, boissons réhydratantes, quelque chose pour calmer la fièvre, 3 couvertures et le chauffage à 30°C dans la chambre. J'ai pas trop mal dormi au final. Sorti de l'hopital le lendemain matin, je resaute dans un taxi pour me ramener à une autre auberge, un peu moins usine. Et je repars pour bosser encore, avec ma bouteille d'eau de mer et les visites régulières au toilettes.

Entrée du parc de Dianchi

En fin de semaine, Nancy est revenue sur Kunming, où elle avait aussi passé plusieurs années de ces études. Le week-end, quand j'ai fini mon travail, on part rejoindre plusieurs de ses amis pour faire le tour de la ville, visiter un grand parc près du lac au sud de la ville, (re-)faire un tour de manège, se refaire péter le ventre (doucement pour moi, je peux pas manger grand chose à ce moment là). Le dimanche, j'en profite que la Poste est encore ouverte pour envoyer mon lot de cartes postales, et coller les timbres au pinceau et à la colle sur chacunes des cartes. Comme on est pas loin de l'université où à étudier Nancy, elle me fait faire le tour des environs. Dans le parc pas très loin, des groupes de musique jouent à tue-tête. Le temps est clair, il fait bon, on est pas mal à cette époque. Finalement, mes adieux à la Chine approchent, Nancy retourne à Yingjiang, je récupère mon passeport et mon visa, mon billet de bus pour la frontière, et le 8 au soir, je refais un dernier voyage en bus de nuit, réveillé toute les 3 ou 4 heures par un contrôle de police.

Pont entre la Chine et le Vietnam

Le 9, j'arrive à Hekou, tôt, mais il fallait bien ça. Il fait gris, un peu plus froid qu'à Kunming, humide, un temps génial. 3 heures après mon arrivé, je trouve enfin le pont pour traverser cette satané rivière qui sépare les deux pays. C'st aussi ma première vraie frontière terrestre (la Corée et le Japon, ça compte pas trop). Au bout du pont, la porte grande ouverte pour rentrer au Vietnam. Mon dernier agent des douanes chinois prend le temps de vérifier chacunes des pages de mon passeport au moins deux fois (faut dire qu'avec mes deux visas + mes deux extensions, pas collés à coté les un des autres, c'est un peu le bordel), et hop, me voilà à marcher entre les deux pays, ma première vietnamienne avec son chapeau pointu et sa cariolle chargée à craquer, juste à coté de moi. De l'autre coté du pont, j'aurais pu continuer tout droit et rentrer au Vietnam sans passer par la case "douane", mais je fais un détour pour faire tamponner mon visa, au cas ou. Direct en sortant, on me propose de m'embarquer sur une moto pour m'emmener à la gare. Un peu de marchandage pour faire baisser la course de 60K à 30K Dong, et nous voilà à traverser la ville, mon casque fièrement campé sur la tête. À la gare, mon train est déjà complet, semble-t-il, je suis arrivé un peu trop tard. Un des chefs e gare tente de m'aider, va voir dans le train, et reviens avec un grand sourire pour me dire qu'il a trouvé de la place, à 800K Dong au lieu des ... 110K que je pensais payer. Je refuse poliment avec un grand sourire, mais il a l'air vraiment déçu... Finalement, en insistant un peu au guichet, je me fais vendre un ticket à 220K Dong, pour un train qui à l'air d'avoir subitement apparu. Il part à 18h30, j'ai un peu de temps.

Rencontre imprévue au Vietnam

Le soir, je prends mon premier train vietnamien, de nuit, en siège "confortable". Quelques heures après le départ, le train s'arrête dans une gare pour prenre des passagers, qui rentrent avec bonnets, écharpes, gants et gros manteaux... Oups, j'ai tout laissé en Chine avant de partir... J'arrive presque à dormir un peu, les jambes enchevêtrèes avec celles de mes voisines de siège. Et vers 4h du matin, le 10 février, me voilà à Hanoi, sous le crachin du nord Vietnam. À 4h30, j'ai mon premier bol de "Pho", la soupe de nouilles nationale (premier bol d'une longue lignée). À 7h, je checkin dans mon auberge pour y dormir tant que je peux. Puis, ma première semaine au Vietname commence, rythmée par les bols de Pho, les cafés à Jooma, mes derniers jours de travail, et la bière gratuite de l'auberge. Quelques après mon arrivé, je reçois un message Yang : "on vient d'arriver au Vietnam, t'es où ?" (en substance). Il est en fait parti quelques jours après mois Yingjiang avec un des ses amis et leurs vélos. Ils devaient aller au Laos et en Thailande mais ont changé leurs plans pour venir me voir plutôt. Quelques jours plus tard, ils débarquent à Hanoi où on passera quelques soirées ensemble, à manger des Pho et des Bun Cha au boeuf braisé (ahh...). Pour leur dernier soir, on se paye un restaurant de folie ... avec buffet Européen, mais surtout pizzas (surgelées sans doutes) à volonté. Ils repartent le ventre rebondi et le sourire aux lèvres...

Le lendemain au soir, je termine enfin mon travail, juste à temps pour recevoir les parents le 18 février...