WWOOFing @ Osakikamijima

En route pour Osaki

Comme en Corée, j'avais décidé en arrivant au Japon de faire du WWOOFing, à la fois pour économiser un peu sur les frais de voyage et pour découvrir d'une manière différente le pays. Autant ça c'était bien passé en Corée et c'était même très facile d'accéder aux personnes de l'association et de contacter des hôtes potentiels, autant c'est un peu plus galère au Japon. Par rapport aux autres pays, je ne sais pas qui est le plus "semblable", mais bon : après l'inscription ici, on a accès à un site, plus complet que ce qu'il y a en Corée (plus d'informations), mais d'une qualité un peu douteuse (c'est pas vraiment pratique à l'utilisation...). Le complément d'information fait poser plus de question aussi (par exemple, quand je voyais "Niveau d'anglais basique" en Corée, ça me posait pas de problèmes ; ici c'est plutôt formulé "Niveau élémentaire, et on aimerait vraiment beaucoup que les WWOOFers parlent Japonais", alors qu'au final c'est peut-être la même chose des deux cotés). Et là où c'était redoutablement simple pour contacter des hôtes en Corée (la plupart du temps je passais directement par l'organisation qui appelait ceux qui m'intéressaient et j'avais la réponse le lendemain généralement), ici on les contacte nous même, un par un, en attendant plusieurs jours entre chaque réponse. C'est pas forcément un mal, mais je pensais que j'allais pouvoir WWOOFer en arrivant au Japon, et après 6 demandes, 1 négative, 4 sans réponses et 1 positive, c'est un peu frustrant (ou alors, faut s'organiser et bien prévoir à l'avance, ce qui n'est pas mon fort, je l'avoue) (ou alors je suis juste qu'une grosse feignasse) (je l'avoue aussi -_- ).

Bref, du coup, le 18 août, j'avais rendez-vous sur Osakikamijima, une île inconnue au (grand) large d'Hiroshima, avec Louis-san pour l'aider dans son café. Osakikamijima, ça compte 8000 habitants à peu près, la moitié a plus de 65 ans, il y a une grosse ville du même nom que l'île et plusieurs petits villages rattachés à la ville principale. Dans le temps, l'économie fonctionnait principalement grâce aux chantiers de construction de bateaux, mais comme à pleins d'autres endroits dans le monde, les chantiers ont fermé les uns après les autres et il n'en reste plus qu'une poignée d'actifs et pleins de cimetières de grues abandonnées.

Louis-san

Louis, qui était police-woman à Tokyo à décider de tout plaquer (job et mari) pour venir s'installer sur l'île qu'elle connaissait grâce à une de ces amies qui travaille en tant que boulangère ici. Elle a acheté une super vieille maison traditionnelle Japonaise dans laquelle les WWOOFers peuvent loger, avec tatamis, futons, panneaux en papier de riz et "isolation" traditionnelle Japonaise (c'est à dire, pas d'isolation). Depuis 6 mois, elle a ouvert un café dans une boutique désaffectée que personne ne voulait reprendre, où elle sert boissons et plats pas vraiment japonais, c'est plutôt dans le style café Européen (cafés, thés, gaufres, pain perdu, sandwichs italiens, glaces, etc.). Elle fait aussi de la revente de produits bio produits sur l'île (confiture de citrons et de myrtilles, sauce de soja, miels, etc.) et de produits Européens impossible à trouver à moins de faire 6h de trajet aller-retour pour aller à Hiroshima.

Quand je suis arrivé, il y avait déjà deux WWOOFeuses Coréennes, Hong et Young, qui étaient là depuis une semaine. Le café est ouvert uniquement l'après-midi, entre 13h et 19h, du jeudi au dimanche, et même si c'est pas très compliqué, ça fait des bonnes journées quand même. Il n'y a généralement pas énormément de clients dans la journée, une vingtaine en moyenne, mais chaque arrivé déclenche un petit coup de speed dans la cuisine pour tout préparer rapidement. Louis s'occupe de cuisiner tout ce qui est nourriture, tandis que les WWOOFers font les boissons (pas trop compliqué) et préparent ce qu'il faut pour faire les plats. J'ai pu travailler mon porté de plateau du bras gauche (histoire de vérifier que ma tendinite du mois d'avril était encore là de temps en temps...). J'ai aussi bien travailler mon éponge et j'ai dû faire suffisamment de vaisselle pour les 2 prochaines années ; au moins, on a le loisir d'observer les clients pendant qu'on essuie la vaisselle...

Fermentation du soja

À part ça, on a bien discuter cuisine avec Louis, et j'ai pu me mettre au fourneau pour faire quelques trucs (pour nous uniquement), ça m'avait manqué : mousse au chocolat (pour 11 personnes, woo o), pajeon Coréenne (espèce de crêpes sans oeuf et avec des tiges d'oignons (plat traditionnel coréen)), poulet basquaise (merci Emeliiiinnee !), croquets aux noisettes (merci Olivier !) et vraies crêpes au froment au petit-déjeuner (pour tester la différence avec les crêpes suzettes faites par un ex-WWOOFer...). Louis n'était pas en reste, et même si j'ai perdu la plupart des noms de plats qu'elle a fait, c'était très bon quand même ... Avec les deux sours Coréennes, on est aussi aller faire un tour dans une "usine" de fabrication de sauce de soja (c'est pas très gros pour une usine quand même, mais on appelait ça "soy sauce factory", donc bon). "Soy sauce man" nous a présenté un peu comment était fabriqué cette fameuse sauce de soja, en nous montrant les ingrédients, les presses pour compresser les graines de soja, les cuves pour faire fermenter. Ça avait l'air intéressant, mais c'était tout en Japonais, et personne ne m'a fait la traduction :'(

Coucher de soleil sur Oksi

Sinon, on a aussi profité de quelques magnifique coucher de soleil sur l'île : il faisait très chaud ces jours là, et le soir l'orage menaçait au loin assez régulièrement, sans forcément toucher l'île au final. Par contre, ça nous donnait des magnifiques effets au moment où le soleil commençait à passer sous l'horizon. On s'est retrouvé un soir sur la plage, avec le soleil déjà loin derrière, éclairant de rouge l'horizon et les îles au large, avec des gros nuages parsemés d'éclairs qui passaient dans les parages, très loin de nous.

Plage de Oksi

Quelques jours après mon arrivé, la mère et le frère de Louis sont arrivés avec sa femme et ses deux petites filles et j'ai pu passer un peu de temps avec eux. On s'est retrouvé sur la plage un jour d'orage, juste nous, avec une mer d'huile, plate comme un lac (c'est dire). Et alors qu'on était sur la plate-forme au milieu de l'eau, l'orage a éclaté et la pluie s'est mise à tomber (du coup on était MOUILLÉ, mon dieu). La tête juste en dehors de l'eau, à se faire éclabousser par les gouttes qui s'écrasent à la surface, c'était trop bien.

Bateaux désaffectés

Les derniers jours, c'était plus ou moins mes jours de repos, j'en ai profité pour faire un tour sur l'île en vélo, et profiter une dernière fois des couchers de soleil et des moustiques qui vont avec. Mon tout dernier jour, une nouvelle WWOOFeuse française est arrivée, Hanneline. Vu que c'était mon vrai jour de repos cette fois, on est parti tout les 3 en voiture faire un tour de l'île. Arrivé à la plage, on se retrouve encore tout seul (décidément, c'est vraiment reculé). Un ami de Louis passant par là nous apportera à boire dans une glacière et un bateau pneumatique... J'aurais préféré remanger de la pastèque, mais bon, on va dire qu'il y a plus dur comme vie...

Au revoir !

Au petit matin du 1er septembre, mon sac est prêt, Louis m'emmène à l'embarquement, et me voilà reparti vers le "continent". J'apprends au passage qu'un typhon est en train d'approcher du Japon, du bonheur en perspective ...