AASSOOO §§

Le 11 août au petit matin, je pars prendre le train à la gare de Nagasaki à 7h10, en direction de Aso, une petite ville dans la province de Kyushu, quelques 260 kilomètres plus loin. Nagasaki n'est pas super pratique comme ville, si on regarde sur une carte, c'est un peu reculé, tout à l'est du Japon, tout au bout d'une presqu'île, du coup, le voyage promet d'être intéressant.

Gare de Konagai

Avec mon super passe "Seishun 18", j'ai droit a à peu près 7 heures de train, à mi-chemin entre un RER et un TER, mais définitivement du genre qui s'arrête dans chaque gare sur le chemin. Le début du voyage est pas super intéressant, j'essaie de dormir, mais c'est pas évident. Pourtant, très vite le train s'approche de la mer : je me réveille à un moment alors que le train attendait une correspondance dans une toute petite gare (j'ai perdu le nom) : devant la porte, l'unique quai, central, de la gare; de l'autre coté du quai, les rails dans l'autre sens; après les rails, la mer. Il est 8h du matin, et le soleil monte timidement au dessus de l'horizon, et je me dis que rien que ça, ça valait le coup de faire 7 heures de train. Pendant pas mal de temps (une demi-heure, une heure, plus?), le train longe la mer, traverse des petits villages, s'éloigne pour prendre un tunnel et se rapproche de nouveau. Puis viennent les correspondances : j'ai 3 minutes pour sortir du train, repérer le nouveau quai et prendre mon nouveau train. C'est pas forcément facile, mais les gares sont petites, et ça laisse juste le temps d'aller à l'entrée où tout les départs sont indiqués, dire le nom de la prochaine correspondance au gars du guichet qui m'indique toujours le bon quai, grâce à mon japonais irréprochable et à son anglais parfait. Les trains servent des fois des gares un peu bizarres : à un moment le train s'arrête dans une toute petite gare dans la campagne, puis fais marche arrière et repars en avant un pu plus pour laisser la gare au bout de sa voie sans issue sur le coté... En approchant de Aso, ça commence à monter un peu, et le train peine...

Miam \o/

Finalement, il arrive à Aso en début d'après-midi. L'auberge de Nagasaki avait réservé une nuit dans une auberge "amie" sur Aso à 2 minutes de la gare; il n'y a pas beaucoup de choix en fait, soit celle là, toute neuve et dans le centre, mais assez chère (2800 Yen la nuit), ou bien une à 20 minutes à pied où le gens ne parlent pas anglais, mais à 2000 Yen la nuit. Je cogite pendant un moment et je me décide à aller à la deuxième quand une personne de l'office du tourisme me confirme qu'ils ont encore de la place. Du coup, je peux me payer un super plat de ramen dans un restaurant sur le chemin : simple, mais super bon. L'auberge en question est vraiment à 20 minutes, c'est une auberge de jeunesse "à l'ancienne" : grand bâtiment avec deux étages, de quoi loger peut-être 150 personnes, un grosse cuisine bordélique, pas de wifi et un seul ordinateur sous Windows 98, le rêve. Sinon, il doit y avoir dix personnes en tout, je partage mon dortoir de dix lits avec un américain (prof d'anglais, pour changer). Il y a un espèce de bains à la japonaise dans le bloc sanitaire, avec un gros bassin rempli d'eau chaude. On est assez reculé par rapport au village, un peu dans la forêt, du coup, c'est super calme et assez frais en fait...

Japonais et auto-stoppeur

Le lendemain matin, je pars vers 8h30 : je compte monter au volcan de Aso-san (la montagne), et il y a un bus qui s'arrête juste devant l'auberge vers 9h10 : 560 Yen pour 45 minutes de bus, je me dis que ça vaut le coup de tenter autre chose. Je sors ma plus belle feuille de papier, écris "Aso-san" dessus, et je tente de me faire prendre en stop. Après 30 minutes d'attente et une dizaine de voitures, alors que le bus allait pas tarder à arriver, je me fais prendre par un couple de Japonais retraités qui parlent un chouillas anglais et leur petit fils qui vont faire un tour au sommet et qui m'emmèneront jusqu'au cratère, cool!

Cratère vu depuis la plateforme d'observation
Cratère de Aso

Le volcan de Aso est actif : il ne crache pas de la lave ou quoi, mais il génère continuellement des vapeurs de soufre, plus ou moins fortes selon son humeur. Au sommet, il y a un observatoire de l'activité du volcan, avec gyrophares, hauts-parleurs et zones de sécurité. Dès qu'on sort de la voiture, on ressent tout de suite les effets du soufre : un petit goût âpre dans la bouche et sur les lèvres, l'odeur évidemment, on entend tout le monde tousser autour de nous, moi y compris. Le jour où on arrive, le volcan est un peu excité, et les trois-quart de la plate-forme d'observation sont fermés (ceux qui sont sous l vent en fait) Ça empêche pas qu'on puisse s'approcher sur le bord du cratère, où on peut apercevoir tout au fond un espèce de lac bleu ciel super clair (je sais plus ce que sait, mais à mon avis, c'est pas de l'eau). On en fait rapidement le tour du coup, je prends quelques photos et quinze minutes plus tard, mes conducteurs japonais s'en vont (en me proposant de me redescendre, mais j'ai d'autres plans en tête).

Chemin sur l'ancien cratère

Heureusement, les chemins de randonnées tout autour ne sont pas fermés. Je commence à en prendre un sur une passerelle en bois qui s'éloigne dans un désert noir, le long d'un ancien cratère complètement éteint celui-ci. Ça et là, des groupes d'étudiants (?) en bottes et casques jaunes franchissent les lignes de sécurité pour aller voir un caillou ou deux, le tout dans un paysage qui ressemble plus à une autre planète qu'autre chose (genre Mars en noire). En arrivant au pied de la montée vers les sommets qui m'intéressent, c'est plutôt pas mal : d'un coté le noir de la roche volcanique, de l'autre des pierres rouges et ocres, le tout couronné de grosses touffes d'herbes vertes et grasses. Il y a un gars devant qui me précède de quelques minutes et que j'aurais l'occasion de retrouver plus tard. La montée n'est pas très longue, mais ça grimpe assez fort entre les pierres rouges. Le chemin est bien indiqué avec des grosses flèches jaunes tout les 10 mètres. Au bout d'une petite demi-heure de grimpe intensive, j'arrive au sommet de cette introduction où le gars qui me précède est en train de faire ça pause aussi, je l'avais presque rattrapé dans la montée. La vue d'ici est déjà assez intéressante, mais j'ai encore du chemin à faire pour arriver sur le plus haut sommet.

Après une petite pause, je repars et alors que j'avançais à bon train vers le Nakadake (deuxième plus haut sommet), j'entends une alarme très distinctement qui provient de la plate-forme d'observation en contre-bas, à au moins 45 minutes à pied d'où je suis, puis quelqu'un commence à parler en Japonais, puis en Coréen, puis en Anglais. J'ai le temps de voir que les gens commencent à vider la plate-forme et que le cratère commence à fumer un peu plus que d'habitude. La voix raconte que le taux de souffre dans l'air est à un stade trop dangereux et qu'il faut évacuer les lieux immédiatement. Bon, j'ai l'air malin là haut. À cette distance, on devine encore la présence de soufre dans l'air, mais ça à l'air très dilué quand même. Le gars qui est devant moi à l'air de continuer à marcher, l'hélico qui tourne autour du cratère à bien dû nous repérer, et puis ils avaient qu'à fermer le chemin si c'était si dangereux. Donc, je continue. Quelques dizaines de minutes plus tard, la fumée à l'air de se calmer un peu, et je vois les gens affluer de nouveau sur les bords du cratère. C'est la vie du volcan qui va et qui vient, j'imagine.

Cratère vu depuis la crête
Au sommet de Takadake

Après une heure de marche depuis la base, j'arrive enfin au sommet du Nakadake, quasiment en même temps qu'un couple d'anglais qui viennent de l'autre coté du volcan (du coup, j'en oublie de prendre des photos), puis je continue vers le plus haut sommet que j'atteins 15 minutes plus tard. Joie, bonheur et allégresse s'ensuivent. Ma pause casse-croûte terminé, le Japonais qui me précédait revient vers ce sommet (il était parti voir de l'autre coté) et commence à discuter avec moi dans un anglais un peu timide. Je lui demande où c'est que je peux aller maintenant, j'ai encore du temps et j'ai plusieurs pistes à choisir mais je sais pas laquelle est la mieux. Après maintes palabres, on réussi à se comprendre et il me propose de le suivre en bas du volcan où il m'emmènera vers un autre sommet de l'autre coté du cratère.

En montant vers Kishimadake

Nous voilà donc reparti pour une longue descente, qui durera presque aussi longtemps que la montée, sauf qu'on retourne jusqu'au parking à voiture tout en bas. On fera une petite pause en arrivant au désert noir, et on partagera son plateau repas cuisiné par sa femme (qu'il ne manquera pas d'appeler pour lui dire qu'il le partage avec un français (j'imagine)). Il m'emmènera en voiture jusqu'au musée, tout au début du site et c'est ici qu'on se dira au revoir, après qu'il ait demandé et m'ait montré le début du chemin pour rejoindre l'autre sommet. Le décor ici est complètement différent : avant c'était beaucoup de cailloux, de sable, de terre et un peu d'herbe. Ici, on voit que de l'herbe, bien grasse, bien verte, et assez haute. Le chemin ne fait pas dans la dentelle : même si c'est un super petit chemin goudronné ou avec des marches, ça monte tout droit sur la pente... J'arrive au sommet rapidement, mais je crois que je commence à fatiguer sévère là. J'ai du perdre 5 kilos de sueur depuis ce matin (que je n'ai pas gardé pour faire cuire le riz, comme on a pu me suggérer :( ), je vins de finir ma bouteille d'eau et mes derniers biscuits. J'ai encore un peu de temps et j'en profite pour faire une sieste dans l'herbe. Au moment de repartir, je re-recroise le couple d'anglais qui terminent le tour de ce sommet : en fait, c'est un ancien cratère, qui a une forme tout à fait caractéristique et donc on peut faire le tour sur la crête. C'est pas très très long, et on a une chouette vue sur l'autre coté du site : tout en bas, il y a un autre cratère, mort, recouvert d'herbe des pieds à la tête, avec une forme quasi symétrique. Il est un peu loin, et je suis pas sûr de ce que ça rend si on monte dessus, mais c'est très mignon vu d'ici (et les Japonais du coin en son fier).

Kawai Komezuka

Le soleil commence à descendre sur l'horizon, il est l'heure de redescendre. Toujours pas décidé à prendre ce fameux bus, je refais une pancarte, je tends le pouce, et j'attends... un peu plus longtemps cette fois. Un paquet de voiture passe, ça a pas l'air de faire sourire certains japonais, mais il y en a, même si il ne me prenne pas, que ça à l'air de bien faire rigoler (ah, il faut bien les débrider ces Japonais... huhu). Bref, les heureux élus seront un jeune couple de Fukuoka, avec juste le gars qui parle anglais (mais ça a l'air de bien faire rire sa copine en tout cas), qui est en fait un ex-WWOOFeur d'Australie et du Canada, et qui doit repartir un de ces jours WWOOFer en Europe. La descente à l'auberge est rapide, mais bien agréable après cette dure journée. Le bain sera le bienvenu se soir.